Acide : Le pire ennemi de l’homme vient des nuages

ACIDE
Sortie en salles : 20 septembre 2023
Durée : 1h40
Réalisateur : Just Philippot
Acteurs principaux : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach
Synopsis : Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.

Après avoir surpris son public avec la Nuée, Just Philippot revient sur le devant de la scène avec ce film mettant en scène une menace qui touche beaucoup plus de monde que les sauterelles : La pluie.

La pluie comme potentiel source de problèmes pour les humains, cela avait été déjà évoqué dans la série danoise The Rain. Mais alors que la série la pluie est porteuse d’un virus qui tue, ici elle est devenue acide ,conséquences du dérèglement climatique et des gaz à effets de serre. Ce film est inspiré du propre court-métrage du même nom datant de novembre 2018 et qui avait fait son petit effet.

Librement inspiré de ce court-métrage, le film raconte l’histoire d’une famille séparé dont le père est un syndicaliste qui vient de prendre une peine pour avoir séquestré et battu son patron. Suite a son jugement, il est remis en liberté surveillé, obligé de porter un bracelet électronique. Sa fille est déboussolée par la situation et ne sait plus vers lequel de ses deux parents se tourner. Jusqu’au moment où des pluies acides arrivent et viennent rebattre les cartes.

La premiers chose que l’on peut dire sur ce film, c’est qu’il est incroyablement crasseux, le tout dans une ambiance anxieuse proche de l’apocalypse où tout semble mort matériellement. Les gens savent depuis un moment que le phénomène existe , mais personne n’est préparé à ce que cela puisse arriver chez eux. La situation est même décrite comme une exagération de la part des médias.

Et quand cela arrive , on ne pense qu’à une chose : survivre. Survivre, car c’est la seule chose qui nous importe dans de tels moments. Rien n’est plus urgent. Il n’y a aucune issue, aucune solution à l’instant, c’est fatal ,inéluctable. A part être avec ces proches pour vivre le dernier instant ensemble, pour ne pas mourir seul. Il n’y aurait donc pas de fin joyeuse. Sauf peut-être dans certains films catastrophes américains où un dénouement est toujours à possible à la fin du métrage. Pas dans le film de Just Philippot.

De bout en bout, le film nous met les nerfs à vif, le spectateur cherchant à savoir quand le cauchemar va s’arrêter. C’est d’ailleurs simple, le film m’a rappelle la série The Walking Dead pour son coté cataclysmique et La Guerre Des Mondes de Steven Spielberg, où l’instinct et la peur primale des hommes surpasse tout dans un seul but : Rester en vie. Pour interpréter mes propos sur le film de Spielberg, je vous recommande l’analyse faite par La Séance De Marty sur La Guerre des monde, qui démontre de façon exceptionnelle, le paroxysme d’une situation hors de contrôle.

Just Philippot ne ménage pas son spectateur. Le sentiment de peur est bien présent. Comment se protéger d’un élément qui s’immisce partout et mortel. Cet élément qui est pourtant source de vie en temps ordinaire, devient ici le pire ennemie que nous puissions imaginer puisque partout. Comment ne pas lever les yeux et scruter au loin si nous ne voyons pas la menace d’un nuage gris, le bruit sourd et lointain du tonnerre qui petit nous faisaient si peur.

Sur ce point, le film est réussi. Deux plans larges nous montrent bien l’envergure de la menace et la terreur qu’elle nous procure.

Cette pluie acide va non seulement nous terroriser de par sa dangerosité, mais aussi déconstruire nos certitudes sur ce qui peut nous garder en vie. Nous mettre en sécurité dans des voitures qui pourtant fondent tel du plastique ? La rouille qui en découle et devient à son tour dangereuse . Tout comme les ponts faits d’acier et qui semblent devenir des châteaux de cartes, bien fragiles devant cet élément devenu ennemi public numéro 1. Et enfin l’eau des ruisseaux et rivières qui ne sont plus source de rafraichissement mais qui inspirent la méfiance. Si par malheur vous vous y risquez, s’en est finit pour vous, car la pluie acide est dense rien ne vous sera épargné. Just Philippot vous montre de façon cru ce qu’il en devient de votre peau à ce moment là et nous rapproche de la vision d’horreur des visages des zombies de la série américaine cité plu haut.

Si techniquement le film est très réussi pour un budget de 3 millions d’euros, il n’est pas parfait. L’ambiance anxiogène des images de désolation font de l’ombre aux personnages angoissés qui manquent de nuances dans leur jeu. Ici, pas d’évolution importante dans les personnages et ils semblent froid. Si le personnage de Guillaume Canet semble conscient de ses actes violents , cela ne lui sert pas vraiment. Juste le sentiment qu’il faut qu’il rassemble sa famille, surtout sa fille qu’il a peur de perdre. Une façon de racheter son lourd passé, mais sans que le film puisse offrir une lueur d’espoir.

Ne pensez pas que le film vous laissera indemne. Ce film n’est pas film issu du monde D’Hollywood. Le film de Philippot n’est pas là pour vous brosser dans le sens du poil ni montrer de solutions miracles au phénomène. Il est là pour pointer du doigt les conséquence d’un phénomène qui pourrait s’accentuer si rien n’est fait dans les vingts prochaines années. Car si le film nous expose le sujet des pluies acides de façon exagéré, ces pluies existent déjà dans le monde, tuant a petit feu la faune et flore.

C’est donc un film assez sombre, impitoyable et cru dans sa mise en scène mais qui est là pour nous alerter des conséquences de l’homme moderne, à mi-chemin entre fiction et réalité.

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