Gladiator 2 : N’est pas fils de son père qui veut

GLADIATOR 2
Sortie en salles : 13 novembre 2024
Durée : 2h28
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs principaux : Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen
Synopsis : Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.

Depuis quelques temps, il y a quelque chose qui ne fonctionne plus dans les films de Ridley Scott. Après avoir été voir Gladiator 2 avec une amie, nous avons été du même avis : Gladiator 2 n’a pas hérité grand-chose de son ainé et ne renouvelle pas le genre.

En ce qui me concerne, quand j’avais entendu parler du projet d’une suite à Gladiator mais j’étais un peu dépité. Gladiator n’avait pas forcément besoin d’une suite car la fin était suffisante. Mais si on connait un peu Hollywood, on n’est guère étonné de voir ressortir des placards des scenarios qui avaient été laissé à l’abandon pour en faire des suites. Ce projet de Gladiator 2 me semblait avoir le parfum de déjà vu rien que par son titre. Dans d’autres termes, cela sentait le sapin.

Avant d’analyser le film, je tenais à préciser que je n’ai pas récemment revisité le film original. Mon approche est délibérée : mes expériences précédentes m’ont appris que revoir un premier opus avant sa suite peut souvent conduire à une déception. J’ai donc choisi de découvrir Gladiator 2 avec un regard neutre et ouvert, sans a priori ni comparaison immédiate.

A la sortie de la projection, il y avait un parfum de déception qui flottait dans l’air. Je ne dirais pas que nous avons détesté le film, mais il manquait quelque chose qui puisse laisser le spectateur en émoi à la fin de la projection. Certes, le spectacle est garanti grâce aux nombreuses batailles qui se déroule dans l’arène, notamment la naumachie.

Les décors manquent singulièrement de variété, le film se concentrant principalement dans l’arène qui occupe près des deux tiers du temps à l’écran. Cette limitation spatiale crée une sensation de confinement, ce qui pourrait laisser penser à des contraintes budgétaires. Pourtant, avec un budget estimé entre 250 à 310 millions de dollars, Ridley Scott disposait des moyens nécessaires pour développer une mise en scène plus ambitieuse.Mais je reviendrais sur le detail de la production plus tard.

Concernant les choix des acteurs principaux comme Denzel Washington, Pedro Pascal ou encore Connie Nielson qui reprend le rôle de Lucilla, leur présence n’est pas à remettre en jeu. Denzel Washington livre une performance magistrale dans le rôle de Macrinus, incarnant avec force l’ambition dévorante d’un ancien esclave déterminé à s’élever dans la société romaine. Sa présence charismatique et son interprétation intense éclipsent celle de Paul Mescal, pourtant protagoniste principal dans le rôle de Lucius Verus.

Mais cela est surtout l’écriture de certains personnages qui est faible. Comme depuis quelques films, Ridley Scott oublie de mettre de l’épaisseur dans les personnages secondaires comme celui de Arishat, l’épouse de Lucius, interprété par L’actrice Yuval Gonen. Son personnage a une présence limitée dans le film, n’apparaissant que brièvement dans deux scènes, ce qui ne permet pas au public de développer un véritable attachement émotionnel à son égard.

Mais si les performances des acteurs principaux contribuent au charisme du film, tout n’est pas parfait. Certaines situations et dialogues manquent de naturel et semblent artificiellement intégrés à l’histoire, nuisant à l’œuvre. En exemple, les scènes entre Lucius et Lucilla souffrant parfois d’incohérences narratives. Je pense qu’il aurait fallu moins de combats et retravailler les scènes pour qu’elles soient mieux liées entre elles.

Cependant, Il reste au film des atouts. Les effets visuels sont réussis à certains moments comme l’apparition du rhinocéros dans l’arène, même si la présence du rhinocéros dans l’arène de combat est discutable . Quand aux scènes de naumachie dans les arènes que je pensais historiquement inexacte,ils ont bien existé. D’après les historiens, ces naumachies comme ils sont appelés étaient présentes même si cela restait rares à cause de leur cout, et n’étaient envisageables que pour certaines arènes adaptées pour l’occasion.

Gladiator 2 aura été marqué par des difficultés de production, avec un tournage s’étendant de juin 2023 à début 2024, en grande partie à cause de la grève des acteurs. Le script a eu du mal à voir le jour, avec des premiers jets dès 2000, mais aucune version n’était satisfaisante. Trois scénaristes se sont succédé entre 2000 et 2018, et bien que Nick Cave ait proposé une version audacieuse en 2006, elle a été écartée pour son caractère trop radical. De nombreuses réécritures et des éléments internes et externes ont contribué à faire de ce film un projet désordonné, qui n’a pas été maîtrisé de bout en bout.

En conclusion, je dirais que Gladiator 2 est un film qui offre un spectacle visuel impressionnant et bénéficie de performances solides de ses acteurs principaux. Cependant, il ne parvient pas à capturer l’essence et l’impact de son prédécesseur. Le manque d’innovation, les problèmes d’écriture et les contraintes de production ont conduit à un film qui, bien que divertissant, ne satisfait pas pleinement les attentes. Il reste un grand divertissement pour ceux qui recherchent l’action et le spectacle, mais les amateurs du premier opus pourraient ressentir une certaine déception face à l’absence de profondeur narrative et de développement de personnages.

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