The Substance : La perfection n’existe pas

THE SUBSTANCE
Sortie en salles : 6 novembre 2024
Durée : 2h20
Réalisatrice : Coralie Fargeat
Acteurs principaux : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid
Synopsis : Elizabeth Sparkle, une ancienne star devenue animatrice d’émission d’aérobie, perd son emploi à cause de son âge. Suite à cette épreuve, elle découvre une substance miraculeuse qui lui permet de créer une version plus jeune d’elle-même nommée Sue, avec qui elle doit alterner son existence par périodes de sept jours.

Il y a des films qui vous font l’effet d’une expérience cinématographique unique, qui vous propose une autre lecture d’un phénomène sociétal bien connue : le culte du corps. Le nouveau film de Coralie Fargeat, offre cette vision singulière et dérangeante à la fois.

À travers une expérience cinématographique saisissante, la réalisatrice déconstruit notre obsession collective pour la perfection physique et propose un regard inédit sur ce phénomène sociétal. Son approche visuelle unique transforme un sujet familier en une œuvre qui bouleverse nos perceptions habituelles, en utilisant le prisme de l’industrie du fitness des années 80 comme miroir de nos sociétés contemporaines.

Les séquences d’aérobic sont filmées avec parfois des gros plans sur certaines parties du corps de Sue, montrant à quel point le corps est superbe. D’ailleurs ces plans font penser à des publicités pour des parfums car la camera tourne autour de l’actrice avec une esthétique léchée. La réalisatrice utilise habilement une bande sonore électronique pulsante pour accompagner ces plans rapprochés , créant une atmosphère à la fois glamour et légèrement inquiétante.

Le leitmotiv « la meilleure version de soi-même » qui résonne tout au long du film comme un mantra toxique, est aussi utilisé dans la vie courante chez certains coachs de vie pour indiquer à leur clients que vous devez être parfaite pour réussir dans la vie. Parfaire dans l’excellence, avec pour objectif le culte de la beauté comme seul critère de réussite. C’est d’ailleurs assez bien montré dans le film à travers le personnage de Dennis Quaid qui cherche à renouveler la principale présentatrice d’une émission d’Aérobic, la trouvant trop âgé.

À 61 ans, Demi Moore livre une performance physique et émotionnelle intense, questionnant avec courage les standards de beauté imposés aux femmes dans l’industrie du divertissement.

Le film s’inscrit progressivement dans la tradition du body horror, le style préférée de David Cronenberg. La transformation physique de Lou, d’abord subtile puis de plus en plus dérangeante, illustre les dangers d’une société poussant les femmes à des extrêmes pour maintenir une apparence de jeunesse éternelle.

La durée excessive de 2h25 constitue le point faible majeur du film. Si l’ensemble est maîtrisé , il y a une ou deux scènes sur la fin du film qui auraient pu être coupé du montage. La séquence finale, quant à elle, se révèle particulièrement évocatrice : elle dépeint avec justesse notre effacement progressif dans une société où la visibilité est éphémère.

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